MON 25 - 11 - 2024
 
Date: May 5, 2011
Source: Le Monde.fr
"Appel aux consciences du monde entier pour que cesse le massacre en Syrie"

Partie de Deraa le 15 mars, la révolte du peuple syrien a essaimé sur l'ensemble du territoire national, déchirant le linceul de la peur. La société syrienne, laminée par trois décennies d'arbitraire et de corruption s'est faite écho aux révoltes des pays frères, bravant les menaces proférées par un pouvoir opaque et aux aguets. Ce même pouvoir qui accusait le 20 avril les manifestants pacifiques de la ville de Homs d'être des militants salafistes, alors que ces mêmes manifestants clamaient l'unité islamo-chrétienne contre l'oppression.

 

Afin de contrer toute tentative de désinformation et de manipulation de l'opinion, il conviendrait de rappeler quelle est la quintessence de l'identité nationale syrienne. Que l'on soit Frère musulman ou laïc, la question de notre héritage tant culturel que spirituel n'a jamais fait l'objet de débat : notre patrie, la Syrie, s'est construite au cours des millénaires à partir d'un fonds civilisationnel qui a vu éclore les richesses antiques de l'héllénisme, du christianisme, et de l'islam. C'est à Antioche, sur le territoire de la Syrie historique, qu'est apparu pour la première fois dans l'Histoire le nom de "chrétien".

 

Ville lumière où les minarets côtoient les clochers, et témoin de la conversion de Saint Paul de Tarse, Damas abrite la tête du prophète Yahia, (Saint Jean-Baptiste) dans l'enceinte même de la Mosquée des Omeyyades. La Syrie, notre patrie, n'est pas, contrairement à ce que ses ennemis aimeraient nous faire croire, un assemblage hétéroclite de tribus !

 

Aux lendemains de l'évacuation des troupes coloniales françaises, nous avons connu une expérience de démocratie pluraliste et de liberté d'expression, certes imparfaite, mais qui a durablement marqué les esprits. La Syrie du XXIe siècle, ne pourra se limiter au diktat d'un parti unique et d'une caste de prédateurs. Notre héritage culturel est celui d'un pays considéré comme l'un des principaux pôles de rayonnement de la pensée arabe. Oublierons-nous le legs des grandes figures de l'intelligentsia syrienne, chantres de l'idéal de l'émancipation arabe, à l'instar des Edmond Rabath, Constantin Zureiq, Jurjî Zaydan, al Kawakibi, ou encore Sati al Usri ? Et que dire des grandes plumes de la littérature contemporaine arabe, inscrites dans la tradition syrienne, le poète lumineux Nizar Qabani, le nouvelliste satirique Zakaria Tamer ou encore le romancier Haydar Haydar ?

 

Le pouvoir, de son côté, n'est ni représentatif de nos compatriotes, ni un rempart crédible contre le soi-disant "danger islamiste" et le chaos, discours à partir duquel, lui et ses thuriféraires, prétendent se légitimer.

 

AU-DELÀ DES DIFFÉRENCES

 

D'un seul corps et d'une seule voix, nous en appelons aux consciences du monde entier, et notamment aux dirigeants et responsables politiques français, pour que cesse le massacre. Notre démarche ne s'inscrit pas dans un cadre politique, idéologique ou confessionnel. Au-delà de toutes les différences – qui "loin de nous léser nous enrichissent" pour reprendre les mots de Saint-Exupéry –, nous portons en nous une exigence, celle de la défense de la dignité humaine, de la liberté et de la justice. De la même façon que nous rejetons la théorie du complot qui désignera l'ennemi israélien ou salafiste comme responsable des troubles qui secouent le pays. Nous connaissons le refrain, il résonne creux…

 

Notre conscience nous interdit de demeurer complices du silence, complices des assassins qui tuent de sang froid nos frères et nos sœurs. Nous sommes, Syriens de l'étranger, unis comme les doigts de la main, sunnites, alaouites, druzes, ismaéliens, chiites, grecs orthodoxes, syriaques, arméniens, catholiques latins, kurdes, maronites, grecs catholiques, protestants… enfants de la même terre ! Objecteurs de conscience et porteurs d'une foi commune dans le changement, nous en appelons au respect de la dignité et de l'intégrité physique de nos compatriotes en souffrance.

 

Le collectif du 15 mars pour la démocratie en Syrie est un mouvement citoyen totalement indépendant qui ne relève d'aucun parti politique. C'est un rassemblement de citoyens syriens qui partagent une croyance inaliénable dans la liberté humaine. Par nos actions de sensibilisation, nous cultivons l'espoir de voir notre peuple s'affranchir de la tyrannie des Assad et construire son propre chemin vers la démocratie et l'Etat de droit.


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Abderraouf Darwich, maître de conférence en mathématiques, université d'Angers ;

Lena Atiashi, étudiante en lettres modernes à la Sorbonne ;

Seif al Hourieh, politologue ;

Archag Ladiguérian, journaliste ;

Hussein el Hassan, chef d'entreprise ;

Haroun al Kebir, chef d'entreprise ;

Ammar al Barradii, chef d'entreprise.


le collectif du 15 mars pour la démocratie en Syrie

 


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